La situation dans laquelle se trouve la « maison France » menace de tourner au cauchemar, pour des raisons qui peuvent se résumer en cinq points :
1) Récession économique, montée du chômage ; corrélativement augmentation du nombre des situations d’extrême pauvreté et probable aggravation des troubles sociaux ;
2) Endettement public catastrophique, déficit budgétaire, déséquilibre des régimes sociaux ;
3) Balance commerciale déficitaire ;
4) La récession tend mécaniquement à l’aggravation des déficits et, partant, de l’endettement public. Les mesures de relance prises pour la conjurer sont de l’avis général insuffisantes et n’atteindront pas leur but ; mais elles vont clairement dans le sens d’une aggravation des déséquilibres financiers, au-delà de ce que seraient les effets purement mécaniques de la récession. Elles vont aussi, assez probablement, dans le sens d’une aggravation du déficit de la balance commerciale.
5) Pendant ce temps les phénomènes naturels, d’origine anthropique, de réchauffement climatique, de réduction de la biodiversité, d’épuisement des ressources fossiles etc. se poursuivent inexorablement, menaçant l’avenir de l’humanité. Sans vouloir noircir le tableau comme à plaisir, constatons que les problèmes d’environnement ont leur origine dans le modèle de développement appliqué depuis deux siècles, que la récession peut s’analyser comme un raté du fonctionnement de ce modèle, et que les politiques de relance mises en place en France et ailleurs ont pour objet de le remettre en marche. Ce qui revient à dire que, dans la mesure où elles seront couronnées de succès, ces politiques auront aussi pour effet d’accélérer la dégradation de l’environnement. Il nous faut certes reconnaître qu’elles comportent quelques mesures destinées à atténuer certains aspects du modèle de développement en vigueur qui sont les plus dangereux pour l’environnement, mais nous devons encore rendre à la vérité qu’on est très loin des réorientations profondes, radicales, qui seraient nécessaires.
Tout cela fait envisager une situation prochaine assez épouvantable, dont le pire aspect est que les perspectives qu’elle offre le sont encore plus. La France dans ses profondeurs sait tout cela plus ou moins confusément, mais elle se refuse à l’affronter concrètement. Je crois que le sentiment de malaise, de mécontentement à la fois général et insaisissable, qu’on peut ressentir dans les différents secteurs de l’opinion publique résulte de ce comportement d’évitement.
Faisons maintenant un rêve : supposons que, dans un sursaut salutaire, la France se réveille un jour rassemblée par une volonté collective et une obsession qu’on pourrait résumer dans un mot d’ordre : faisons tout pour sauver l’avenir de nos enfants. Elle aurait du mal à passer immédiatement à l’action, faute qu’un programme cohérent constituant une réponse ordonnée à tous les défis simultanés ait été élaboré. Il y a des éléments pour cela : diverses études et notes de l’INSEE, le rapport Pébereau, les travaux du Grenelle de l’environnement, les divers rapports et livres blancs consacrés au problème des retraites, pour citer les principaux. Mais il s’agit à chaque fois d’études sectorisées, et les rassembler en un programme cohérent de gouvernement ne peut se faire par simple sommation. Que je sache, ce travail n’a été fait par aucune institution existante, et ce n’est pas en écoutant les partis ou les syndicats qu’on trouvera ne serait-ce que le commencement de l’esquisse de la réponse. Si le travail de réflexion nécessaire était fait avec sérieux, on peut être certain que notre façon d’aborder et d’analyser la réalité en serait profondément bouleversée. J’oserai avancer deux aspects de ces bouleversements qui me paraissent très vraisemblables :
1) La nature est une ressource rare, et il faut utiliser au maximum le travail humain disponible pour économiser, préserver ou réparer la nature. Pour passer de la situation actuelle de chômage à la situation d’affectation optimale de tout le travail disponible, la grande difficulté sera de définir cet optimum, et d’organiser les changements d’activité qu’il comportera.
2) Corrélativement, ce que nous appelons aujourd’hui la productivité du travail diminuera. En effet, nous mesurons cette productivité par les « satisfactions » immédiates que le travail produit, sans mesurer à leur juste valeur la destruction de nature et d’avenir qui sont la contrepartie de cette productivité. « Sauver l’avenir de nos enfants », cela deviendra concrètement travailler plus avec en contrepartie moins de satisfactions immédiates. Pour des raisons à la fois pratiques et psychologiques, il sera nécessaire d’augmenter considérablement le volume des transferts sociaux obligatoires en resserrant drastiquement l’échelle des revenus disponibles après transfert. La solidarité doit être intergénérationnelle, mais aussi intragénérationnnelle.
vendredi 26 décembre 2008
lundi 15 décembre 2008
L'apologue des trois robinsons
Imaginons trois Robinsons pleins de courage et d’intelligence, forts physiquement et débrouillards, échouant sur trois îles très différentes. Nous supposerons que dans les trois cas la mer a fait échouer à leurs côtés une caisse d’outillage en bon état.
Robinson n°1 échoue sur une île qui n’est faite que de rochers, sans végétation ni faune. Quelques réserves d’eau douce amenée par la pluie dans des anfractuosités naturelles. Par chance, la mer lui a apporté une deuxième caisse contenant des conserves et des vivres, de quoi se nourrir un mois.
Robinson n°2 découvre une île étendue, avec de nombreuses sources et chutes d’eau, couverte d’une végétation luxuriante et habitée par un gibier varié et nombreux.
Robinson n°3 arrive sur une île aux dimensions réduites, avec une végétation peu abondante et peuplée de quelques animaux seulement. Tout cela constitue un écosystème fragile ; les différentes espèces végétales et animales sont en quantités si réduites qu’un prélèvement trop important qu’effectuerait Robinson sur l’une d’entre elle pour ses besoins personnels risquerait de la faire disparaître, avec de proche en proche la menace de la disparition de toute vie sur l’île.
Voyons maintenant comment vont se comporter nos trois Robinsons, compte tenu des qualités que nous leur avons attribuées :
Robinson n°1 va partir en exploration sur l’île, retourner le moindre rocher, fouiller le moindre recoin, en utilisant du mieux possible les outils dont il dispose, mais en vain. Finalement, il ira s’installer à l’ombre d’un rocher et attendra, en économisant ses forces et ses vivres, dans l’espoir que survienne un événement qui ne dépend pas de lui : qu’un navire passe à portée ou au moins que la mer fasse échouer une nouvelle caisse de conserves, lui assurant un délai de survie supplémentaire….
Robinson n°2 se met immédiatement au travail. Il commence par se procurer de quoi faire un bon repas, puis en fonction de ses préférences personnelles, il exploite les ressources de l’île pour se construire une habitation, fabriquer des vêtements, mettre en culture quelques coins fertiles, parquer des individus choisis parmi les espèces animales les plus succulentes ; il domestique des chevaux pour se déplacer plus rapidement avec moins de fatigue et transporter les charges lourdes, utilise une chute d’eau pour en tirer de l’énergie etc. Importants pour lui, les prélèvements qu’il effectue et les transformations qu’il apporte à la nature sont négligeables par rapport à l’étendue et à la vitalité luxuriante de l’île.
Robinson n°3 observe et réfléchit. Il prélève d’abord avec parcimonie de quoi juste se nourrir, puis il se consacre à augmenter les potentialités de son île, aménage et fertilise quelques acres supplémentaires qu’il ensemence avec les espèces qui lui sont les plus utiles ; puis il apporte ses soins et de la nourriture aux animaux nouveaux-nés en sorte d’augmenter l’effectif du cheptel. A partir de là il peut, en calculant bien, prélever sans risque de quoi améliorer son ordinaire, commencer à se construire un abri, et finalement vivre durablement en symbiose avec son île. Il s’est progressivement donné un niveau de vie convenable, moyennant de sa part un travail de tous les instants et une compréhension profonde des conditions de durabilité de son installation.
Je suppose qu’on me voit venir. Ce que je veux faire entendre, c’est que l’humanité voici deux siècles a pu se croire dans la situation de Robinson n°2, et qu’elle a pensé et agi en conséquence. Aujourd’hui, nous sommes clairement dans la situation de Robinson n°3, mais nous continuons à penser et nous comporter comme un n°2, ce qui pourrait nous conduire progressivement vers une situation assez semblable à celle, presque sans espoir, d’un n°1…
Bien sûr il ne s’agit là que d‘un apologue très simplificateur. La Terre considérée comme un ensemble vivant est un système extrêmement complexe, peuplé de plus de six milliards d’individus dont le nombre est fortement croissant et répartis sur cinq continents, avec tous une histoire et un niveau de production et de consommation par tête très inégal. Analyser et décrire la réalité dans toute son ampleur demanderait de réunir les compétences des meilleurs spécialistes dans de nombreux domaines et nécessiterait plusieurs volumes. Néanmoins, je crois qu’un citoyen normalement informé en sait assez pour se dire que le diagnostic final ne serait pas différent ni moins fort que celui que je viens d’énoncer.
En conclusion, je voudrais souligner ceci : la « science » économique telle qu’elle est aujourd’hui constituée a pris corps et s’est développée dans un climat intellectuel de type n°2. Elle est de ce fait très maladroite pour traiter les problèmes les plus cruciaux du 21ème siècle. Il lui faut opérer une véritable révolution copernicienne si elle veut devenir apte à traiter convenablement les problèmes de type n°3. Elle doit devenir la science de l’optimisation des activités humaines sous contrainte d’une symbiose durable entre l’humanité et la planète.
Robinson n°1 échoue sur une île qui n’est faite que de rochers, sans végétation ni faune. Quelques réserves d’eau douce amenée par la pluie dans des anfractuosités naturelles. Par chance, la mer lui a apporté une deuxième caisse contenant des conserves et des vivres, de quoi se nourrir un mois.
Robinson n°2 découvre une île étendue, avec de nombreuses sources et chutes d’eau, couverte d’une végétation luxuriante et habitée par un gibier varié et nombreux.
Robinson n°3 arrive sur une île aux dimensions réduites, avec une végétation peu abondante et peuplée de quelques animaux seulement. Tout cela constitue un écosystème fragile ; les différentes espèces végétales et animales sont en quantités si réduites qu’un prélèvement trop important qu’effectuerait Robinson sur l’une d’entre elle pour ses besoins personnels risquerait de la faire disparaître, avec de proche en proche la menace de la disparition de toute vie sur l’île.
Voyons maintenant comment vont se comporter nos trois Robinsons, compte tenu des qualités que nous leur avons attribuées :
Robinson n°1 va partir en exploration sur l’île, retourner le moindre rocher, fouiller le moindre recoin, en utilisant du mieux possible les outils dont il dispose, mais en vain. Finalement, il ira s’installer à l’ombre d’un rocher et attendra, en économisant ses forces et ses vivres, dans l’espoir que survienne un événement qui ne dépend pas de lui : qu’un navire passe à portée ou au moins que la mer fasse échouer une nouvelle caisse de conserves, lui assurant un délai de survie supplémentaire….
Robinson n°2 se met immédiatement au travail. Il commence par se procurer de quoi faire un bon repas, puis en fonction de ses préférences personnelles, il exploite les ressources de l’île pour se construire une habitation, fabriquer des vêtements, mettre en culture quelques coins fertiles, parquer des individus choisis parmi les espèces animales les plus succulentes ; il domestique des chevaux pour se déplacer plus rapidement avec moins de fatigue et transporter les charges lourdes, utilise une chute d’eau pour en tirer de l’énergie etc. Importants pour lui, les prélèvements qu’il effectue et les transformations qu’il apporte à la nature sont négligeables par rapport à l’étendue et à la vitalité luxuriante de l’île.
Robinson n°3 observe et réfléchit. Il prélève d’abord avec parcimonie de quoi juste se nourrir, puis il se consacre à augmenter les potentialités de son île, aménage et fertilise quelques acres supplémentaires qu’il ensemence avec les espèces qui lui sont les plus utiles ; puis il apporte ses soins et de la nourriture aux animaux nouveaux-nés en sorte d’augmenter l’effectif du cheptel. A partir de là il peut, en calculant bien, prélever sans risque de quoi améliorer son ordinaire, commencer à se construire un abri, et finalement vivre durablement en symbiose avec son île. Il s’est progressivement donné un niveau de vie convenable, moyennant de sa part un travail de tous les instants et une compréhension profonde des conditions de durabilité de son installation.
Je suppose qu’on me voit venir. Ce que je veux faire entendre, c’est que l’humanité voici deux siècles a pu se croire dans la situation de Robinson n°2, et qu’elle a pensé et agi en conséquence. Aujourd’hui, nous sommes clairement dans la situation de Robinson n°3, mais nous continuons à penser et nous comporter comme un n°2, ce qui pourrait nous conduire progressivement vers une situation assez semblable à celle, presque sans espoir, d’un n°1…
Bien sûr il ne s’agit là que d‘un apologue très simplificateur. La Terre considérée comme un ensemble vivant est un système extrêmement complexe, peuplé de plus de six milliards d’individus dont le nombre est fortement croissant et répartis sur cinq continents, avec tous une histoire et un niveau de production et de consommation par tête très inégal. Analyser et décrire la réalité dans toute son ampleur demanderait de réunir les compétences des meilleurs spécialistes dans de nombreux domaines et nécessiterait plusieurs volumes. Néanmoins, je crois qu’un citoyen normalement informé en sait assez pour se dire que le diagnostic final ne serait pas différent ni moins fort que celui que je viens d’énoncer.
En conclusion, je voudrais souligner ceci : la « science » économique telle qu’elle est aujourd’hui constituée a pris corps et s’est développée dans un climat intellectuel de type n°2. Elle est de ce fait très maladroite pour traiter les problèmes les plus cruciaux du 21ème siècle. Il lui faut opérer une véritable révolution copernicienne si elle veut devenir apte à traiter convenablement les problèmes de type n°3. Elle doit devenir la science de l’optimisation des activités humaines sous contrainte d’une symbiose durable entre l’humanité et la planète.
mercredi 3 décembre 2008
Les trois crises
Je mets ici en ligne un texte que j'ai envoyé au journal Le Monde et qui est publié sur son site à titre de Chronique d'abonné. Je suppose que la règle du jeu, c'est qu'il ne restera pas très longtemps visible et donc je lui donne ici plus de durée, si moins de visites !
Le monde traverse ou subit actuellement trois crises :
La crise financière qui, partie des Etats-Unis, s’est rapidement répandue sur toute les places, et qui se traduit essentiellement par un effondrement des cours de bourses et par un resserrement du crédit ;
La crise économique et sociale, qui se traduit partout dans le monde par une diminution des activités, soit corrélativement par une extension du chômage et une réduction de la production de biens et services ;
Enfin la crise environnementale, qui résulte de la conjonction de trois phénomènes : l’explosion démographique en cours, le modèle de développement qu’ont appliqué depuis deux siècles les pays du Nord et l’aspiration des pays pauvres à les imiter, enfin la limitation des capacités de la planète, déjà mise à mal par l’exploitation qui en est faite et incapable d’en supporter durablement plus et plus longtemps.
Ces crises sont clairement distinctes, bien qu’elles ne soient pas entièrement indépendantes : chacune a des effets et/ou trouve en partie ses causes dans le déroulement des autres.
Elles ont une caractéristique commune : elles frappent la planète entière et elles ne peuvent être convenablement gérées qu’au niveau planétaire.
Elles présentent des différences importantes relativement au temps :
La crise financière a pris corps en quelques mois, et elle a nécessité de la part des Etats des décisions urgentes ; au paroxysme de la crise, les mesures à prendre l’étaient à 24 heures près. Si elle est bien gérée, les experts s’accordent pour dire qu’elle ne devrait pas durer plus que 12 à 18 mois.
La crise économique et sociale, pour sa part, résulte de dysfonctionnements et de déséquilibres dont certains se sont mis ne place depuis plusieurs années ; il est bien sûr urgent de s’y attaquer, mais il vaut mieux différer les mesures de quelques semaines si c’est pour les formuler de façon plus pertinente. La possibilité de la résoudre en profondeur se mesure en années, voire en dizaines d’années si, comme c’est probable, elle vient à être renforcée par les effets de la crise environnementale au point de se confondre en partie avec elle.
La crise environnementale résulte de phénomènes qui ont commencé à se produire dès le début de la révolution industrielle ; la conscience de sa nature et de son ampleur ne s’est produite que tardivement et progressivement, depuis seulement quelques décennies. Il est vital pour l’humanité d’y trouver une solution, puisque la survie même de l’espèce est en cause. Sans pouvoir dire ce que devrait être cette solution, on sait que les remises en question qu’elle implique sont si profondes qu’elles équivalent à changer de civilisation. On peut être assuré qu’elle dominera toute l’histoire du 21ème siècle qui commence.
L’intérêt de cette présentation, c’est qu’elle propose une grille pour apprécier les mesures que les responsables politiques à tous les niveaux prendront dans les prochains mois : seules mériteront d’être approuvées les mesures qui permettront de s’attaquer aux trois crises simultanément, en privilégiant la troisième par rapport à la seconde et ces deux par rapport à la première. Devraient être exclues les mesures qui auraient pour effet d’aggraver la seconde ou la troisième au prétexte de résoudre plus vite la première ou la seconde.
Enfin, les trois crises étant planétaires et nécessitant des solutions planétaires, les mesures à prendre devront être concertées et coordonnées internationalement, sans quoi elles seront au minimum inefficaces sinon contreproductives du fait de nombreux effets pervers.
Le monde traverse ou subit actuellement trois crises :
La crise financière qui, partie des Etats-Unis, s’est rapidement répandue sur toute les places, et qui se traduit essentiellement par un effondrement des cours de bourses et par un resserrement du crédit ;
La crise économique et sociale, qui se traduit partout dans le monde par une diminution des activités, soit corrélativement par une extension du chômage et une réduction de la production de biens et services ;
Enfin la crise environnementale, qui résulte de la conjonction de trois phénomènes : l’explosion démographique en cours, le modèle de développement qu’ont appliqué depuis deux siècles les pays du Nord et l’aspiration des pays pauvres à les imiter, enfin la limitation des capacités de la planète, déjà mise à mal par l’exploitation qui en est faite et incapable d’en supporter durablement plus et plus longtemps.
Ces crises sont clairement distinctes, bien qu’elles ne soient pas entièrement indépendantes : chacune a des effets et/ou trouve en partie ses causes dans le déroulement des autres.
Elles ont une caractéristique commune : elles frappent la planète entière et elles ne peuvent être convenablement gérées qu’au niveau planétaire.
Elles présentent des différences importantes relativement au temps :
La crise financière a pris corps en quelques mois, et elle a nécessité de la part des Etats des décisions urgentes ; au paroxysme de la crise, les mesures à prendre l’étaient à 24 heures près. Si elle est bien gérée, les experts s’accordent pour dire qu’elle ne devrait pas durer plus que 12 à 18 mois.
La crise économique et sociale, pour sa part, résulte de dysfonctionnements et de déséquilibres dont certains se sont mis ne place depuis plusieurs années ; il est bien sûr urgent de s’y attaquer, mais il vaut mieux différer les mesures de quelques semaines si c’est pour les formuler de façon plus pertinente. La possibilité de la résoudre en profondeur se mesure en années, voire en dizaines d’années si, comme c’est probable, elle vient à être renforcée par les effets de la crise environnementale au point de se confondre en partie avec elle.
La crise environnementale résulte de phénomènes qui ont commencé à se produire dès le début de la révolution industrielle ; la conscience de sa nature et de son ampleur ne s’est produite que tardivement et progressivement, depuis seulement quelques décennies. Il est vital pour l’humanité d’y trouver une solution, puisque la survie même de l’espèce est en cause. Sans pouvoir dire ce que devrait être cette solution, on sait que les remises en question qu’elle implique sont si profondes qu’elles équivalent à changer de civilisation. On peut être assuré qu’elle dominera toute l’histoire du 21ème siècle qui commence.
L’intérêt de cette présentation, c’est qu’elle propose une grille pour apprécier les mesures que les responsables politiques à tous les niveaux prendront dans les prochains mois : seules mériteront d’être approuvées les mesures qui permettront de s’attaquer aux trois crises simultanément, en privilégiant la troisième par rapport à la seconde et ces deux par rapport à la première. Devraient être exclues les mesures qui auraient pour effet d’aggraver la seconde ou la troisième au prétexte de résoudre plus vite la première ou la seconde.
Enfin, les trois crises étant planétaires et nécessitant des solutions planétaires, les mesures à prendre devront être concertées et coordonnées internationalement, sans quoi elles seront au minimum inefficaces sinon contreproductives du fait de nombreux effets pervers.
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