Je mets ici en ligne un texte que j'ai envoyé au journal Le Monde et qui est publié sur son site à titre de Chronique d'abonné. Je suppose que la règle du jeu, c'est qu'il ne restera pas très longtemps visible et donc je lui donne ici plus de durée, si moins de visites !
Le monde traverse ou subit actuellement trois crises :
La crise financière qui, partie des Etats-Unis, s’est rapidement répandue sur toute les places, et qui se traduit essentiellement par un effondrement des cours de bourses et par un resserrement du crédit ;
La crise économique et sociale, qui se traduit partout dans le monde par une diminution des activités, soit corrélativement par une extension du chômage et une réduction de la production de biens et services ;
Enfin la crise environnementale, qui résulte de la conjonction de trois phénomènes : l’explosion démographique en cours, le modèle de développement qu’ont appliqué depuis deux siècles les pays du Nord et l’aspiration des pays pauvres à les imiter, enfin la limitation des capacités de la planète, déjà mise à mal par l’exploitation qui en est faite et incapable d’en supporter durablement plus et plus longtemps.
Ces crises sont clairement distinctes, bien qu’elles ne soient pas entièrement indépendantes : chacune a des effets et/ou trouve en partie ses causes dans le déroulement des autres.
Elles ont une caractéristique commune : elles frappent la planète entière et elles ne peuvent être convenablement gérées qu’au niveau planétaire.
Elles présentent des différences importantes relativement au temps :
La crise financière a pris corps en quelques mois, et elle a nécessité de la part des Etats des décisions urgentes ; au paroxysme de la crise, les mesures à prendre l’étaient à 24 heures près. Si elle est bien gérée, les experts s’accordent pour dire qu’elle ne devrait pas durer plus que 12 à 18 mois.
La crise économique et sociale, pour sa part, résulte de dysfonctionnements et de déséquilibres dont certains se sont mis ne place depuis plusieurs années ; il est bien sûr urgent de s’y attaquer, mais il vaut mieux différer les mesures de quelques semaines si c’est pour les formuler de façon plus pertinente. La possibilité de la résoudre en profondeur se mesure en années, voire en dizaines d’années si, comme c’est probable, elle vient à être renforcée par les effets de la crise environnementale au point de se confondre en partie avec elle.
La crise environnementale résulte de phénomènes qui ont commencé à se produire dès le début de la révolution industrielle ; la conscience de sa nature et de son ampleur ne s’est produite que tardivement et progressivement, depuis seulement quelques décennies. Il est vital pour l’humanité d’y trouver une solution, puisque la survie même de l’espèce est en cause. Sans pouvoir dire ce que devrait être cette solution, on sait que les remises en question qu’elle implique sont si profondes qu’elles équivalent à changer de civilisation. On peut être assuré qu’elle dominera toute l’histoire du 21ème siècle qui commence.
L’intérêt de cette présentation, c’est qu’elle propose une grille pour apprécier les mesures que les responsables politiques à tous les niveaux prendront dans les prochains mois : seules mériteront d’être approuvées les mesures qui permettront de s’attaquer aux trois crises simultanément, en privilégiant la troisième par rapport à la seconde et ces deux par rapport à la première. Devraient être exclues les mesures qui auraient pour effet d’aggraver la seconde ou la troisième au prétexte de résoudre plus vite la première ou la seconde.
Enfin, les trois crises étant planétaires et nécessitant des solutions planétaires, les mesures à prendre devront être concertées et coordonnées internationalement, sans quoi elles seront au minimum inefficaces sinon contreproductives du fait de nombreux effets pervers.
mercredi 3 décembre 2008
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